Destinées croisées

Destinees croisees
  • Quatuor en sol Majeur, Op.77 No1 de Joseph HAYDN
  • Quatuor en mi bémol Majeur de Fanny MENDELSSOHN
  • Quatuor en fa mineur, Op.80 de Félix MENDELSSOHN

1795 : Joseph Haydn est de retour à Vienne à la suite d’un séjour triomphal en Angleterre. Il y passe les dernières années de sa vie à composer deux œuvres vocales majeures, La Création et les Saisons, ainsi que ses neuf derniers quatuors. L’opus 77 n°1 (1799), le septième de cette série, illustre à merveille par sa grâce, sa profondeur et sa délicieuse légèreté le génie de cet artiste au sommet de son art.

Félix Mendelssohn connaît, quelques dizaines d’années plus tard, un rayonnement semblable à celui d’Haydn. Ses œuvres sont jouées à travers toute l’Europe, les concerts qu’il dirige en tant que chef d’orchestre sont très prisés, sa célébrité est immense.

Très proche de son frère Félix, Fanny Mendelssohn connaît un destin bien plus discret. Douée elle aussi de talents musicaux hors du commun, elle est contrainte de limiter la diffusion de ses œuvres à un cercle restreint autour du noyau familial. Ceci explique sans doute les audaces formelles de son remarquable quatuor en Mi b Majeur.

Lorsqu’elle meurt subitement en mai 1847, à seulement 41 ans, Félix compose en hommage à sa sœur adorée le quatuor op.80, parfois appelé « Requiem à Fanny ». Accablé de chagrin, il sera à son tour emporté, quelques mois plus tard, âgé seulement de 38 ans.

Inspirations et influences

Bien souvent dans les arts, et dans la musique en particulier, les influences entre compositeurs dépassent les frontières.

C’est en 1892 que Debussy entreprend la composition de ce qui restera son unique quatuor, à peu près en même temps que la mise en chantier du Prélude à l’Après-midi d’un faune. Très amateur des pays « nordistes », il s’inspire tout particulièrement du quatuor, lui aussi unique, d’Edvard Grieg, composé quatorze ans plus tôt en Norvège.

Dans ce jeu d’influences, il est naturel de mettre en relation l’impressionnisme de Debussy avec l’œuvre si colorée et aux harmonies modernes de la compositrice et altiste britannique Rebecca Clarke.

Inspirationssite
  • Poem pour quatuor à cordes de Rebecca CLARKE
  • Quatuor en sol mineur de Claude DEBUSSY
  • Quatuor en sol mineur, Op.27 d’Edvard GRIEG

Crépuscule

Crepuscule
  • Nocturne en si Majeur, Op.40 d’Anton DVORAK
  • Quatuor No1 « Métamorphoses Nocturnes » de György LIGETI
  • Quatuor en ré mineur No14 « La jeune fille et la mort » de Franz SCHUBERT

Composé quelques années avant sa fuite de Hongrie, le quatuor n°1 de Ligeti, très fortement inspiré par Belà Bartok, peint avec une grande liberté et un langage magnifiquement coloré un climat crépusculaire.

Cette ambiance nocturne, de clair obscur, règne avec (alternativement) émerveillement et angoisse dans le chef d’oeuvre de Schubert « La Jeune Fille et la Mort », inspiré du poème de Matthias Claudius, et narrant la course désespérée d’une jeune fille tentant d’échapper à sa mort, pourtant inévitable.

L'âme russe

« Je crois que le principal, le plus profond besoin intime du peuple russe, c’est un besoin de souffrance, perpétuel et jamais assouvi, partout et en tout. »      Fiodor DostoievskiJournal d’un écrivain

Cette souffrance, Sergei Rachmaninov, Sergei Prokofiev et Dimitri Chostakovitch l’expriment très différemment dans leurs œuvres. Le premier utilise un langage romantique hérité de ses maîtres Tchaikovsky et Rimsky-Korsakov, tandis que les deux autres sont nettement plus influencés par l’école du formalisme russe.

Cette influence leur vaut d’ailleurs grand nombre de critiques et remontrances du régime stalinien qui considérait le formalisme comme le principal ennemi de l’art, et même du peuple soviétique.

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  • Quatuor No1 « inachevé » de Sergei RACHMANINOV
  • Quatuor en fa Majeur No2, Op.92 de Sergei PROKOFIEV
  • Quatuor en fa Majeur No3, Op.73 de Dimitri CHOSTAKOVITCH

Ars Gallica

Ars Gallica
  • Quatuor de Germaine TAILLEFERRE
  • Quatuor en mi bémol Majeur, Op.45 d’Edouard LALO
  • Quatuor en sol mineur de Claude DEBUSSY

En 1871 naquit la Société Nationale de Musique. Fondée par Camille Saint-Saëns et Romain Bussine, la SNM, dont la devise était « Ars Gallica », avait pour but de promouvoir la musique française, et de permettre à de jeunes compositeurs exclusivement français de faire jouer leurs œuvres en public.

Cette société fut un formidable moteur pour la création pendant plusieurs décennies et vit naître de nombreuses œuvre de compositeurs aujourd’hui illustres et incontournables tels que Maurice Ravel, Claude Debussy, Mel Bonis, Jules Massenet, Germaine Tailleferre, César Franck, Édouard Lalo, Gabriel Fauré, Lili Boulanger …